Ethan me tira de force jusqu'au jardin afin de faire la soirée proposée par la Production. Contrairement à lui j'avais gardé mes vêtements, il était hors de question que je mette des vêtements plein de bactéries. Je sentais déjà que la soirée allait être longue. Il ne fallait pas compter sur moi pour me prêter au jeu. Si on avait organisé une soirée où il fallait se servir de sa tête, j'aurai participé à coup sûr. Mais là avec une soirée Action ou Vérité je risquais très certainement de m'endormir avant même que le jeu ait démarré. Ethan avait lui envie de s'amuser, ce qui n'était pas mon cas. Je déteste les gens puérils et gamins, ils ne font pas partie de ma vision de la perfection.
Je regardais alors autour de moi, et constatai qu'il y avait une marelle géante. Génial. Ce qui était encore plus génial c'était de constater que le malade mental y jouait avec son ami imaginaire. Il était encore plus débile que je ne le pensais, et je ne m'étonnais même pas de le voir le premier ici. Enfin devrais-je dire les premiers. Parce qu'attention il ne faut pas oublier son ami imaginaire. Charlie. Non mais sans blague, je crois que j'allais avoir besoin d'un cachet d'Aspirine pour le supporter.
Je le regardais avec un sourire moqueur. Je voulais aller m'asseoir autour de la table, alors qu'Ethan lui voulait aller s'amuser. Ah l'aventure promettait d'être longue. Je voulais surtout vérifier l'état des assiettes, mais Monsieur ne voulait pas. Après tout s'il voulait manger dans des assiettes sales et attraper tout un tas de maladie, et surtout que je pique une crise plus tard dans la soirée parce que tout n'était pas impeccable c'était son problème moi je pouvais très bien vivre avec.

Installées côtes à côtes, donc, j’observais une nouvelle fois le somptueux décors de la production ; la grande nappe à carreaux rouge sur fond blanc sur laquelle reposaient mes genoux n’était pourtant pas si irritante qu’elle en avait l’air. Les assiettes de porcelaines d’un blanc immaculé ne firent que m’imaginer le délicieux repas qui nous attendait, caché dans de grands paniers. Des lampes de multiples couleurs éclairaient les lieux ce qui me réjouissait. Toute cette fantaisie était plutôt agréable, en somme. Sur la marelle géante disposée un peu plus loin s’amusait cet étrange garçon, Otto, si mes souvenirs étaient bons. Je ne lui avais encore jamais adressé la parole mais il m’inspirait une étrange sympathie avec son ami imaginaire Charlie. Je trouvais cela plutôt drôle et attendrissant, bien que cette plaisanterie ne fit unanimité au sein des candidats. Notamment auprès de cette jolie blonde, là-bas qui l’observait d’un œil critique. Cette soirée pique-nique s’annonçait bien. Tu buvais de l'alcool toi quand t'étais gamine ? Je tournais la tête vers Louise, qui observait les flutes de champagnes qui trônaient derrière les assiettes qui nous était destinées. Je haussais les épaules et d’une voix emplie d’une certaine mélancolie, due aux souvenirs tendres de mon enfance, je répondis « Uniquement aux grandes occasions….Or, aujourd’hui est une grande occasion, non ? » J'avais dans l’idée de me servir un verre mais je jugea plus poli d’attendre que tous les autres résidants soient arrivés pour commencer la soirée.

Il y avait également ce couple de filles. Dont la blonde allait très certainement m'agacer dans les minutes qui suivaient. Je trouvais qu'elle avait un visage de souris, et rien que ce détail m'insupporte chez les autres. Toutes les personnes qui ont un visage que je peux comparer à un animal me donnent envie de leur donner l'adresse d'un chirurgien esthétique. Enfin je n'étais pas là pour cela, même si je suis persuadée que certains de mes collègues seraient ravis que je leur fasse de la pub à la télé. Passons. Il y avait aussi la fille encordée à tête-de-souris dont je ne savais quoi penser. Elle n'avait pas un visage désagréable, mais je ne savais quoi penser d'elle. J'aurais tout le temps de me faire un avis sur elle plus tard, après tout j'avais deux longues semaines pour cela.
C'est alors que la-fille-qui-voulait-savoir-ce-qui-n'-allait-pas et son partenaire, se servirent une coupe de champagne. Et une nouvelle fois elle me parla. J'avais un visage aussi sympathique que cela pour qu'elle me parle deux fois de suite ? Non bien entendu je savais que j'avais déjà fait ma réputation dans la maison. Je ne savais pas ce qu'elle cherchait. Être gentille ? Enfin vous en connaissez beaucoup vous des gens qui essaient d'être sympa avec moi ? Enfin de mon côté j'ai assez d'une main pour tous les compter.
Je me contentai alors fidèle à moi même de lui répondre : Tu as vérifié avant de boire que ta coupe était propre ? Non parce que tu ne te rends pas compte tous les microbes qu'il y a là dedans.. Je ne disais pas ça pour être gentille avec elle. Seulement je déteste vraiment les gens malades, qui se plaignent tout le monde, qui éternuent à longueur de journée, qui utilisent trois paquets de mouchoirs par heure.

Le couple Jayleen/Adam arrivait lorsque je remarquais du coin de l’œil cette fille brune qui proposa une flûte à la blonde qui semblait un peu boudeuse – je ne retombais pas sur son prénom, même après un effort complexe de fouillage de mémoire, j’en étais réduite à être persuadée qu’il y avait un truc du style « i », mais impossible de trouver quoi. Je laissais ce petit incident de côté en préférant me concentrer sur ma partenaire qui m’annonça, radieuse que cette soirée était en effet une belle occasion. Elle n’avait pas tort. Il fallait profiter au maximum de la chance qui nous avait été attribuée en nous retrouvant dans cette luxueuse villa. Tout semblait aller bien dans le meilleur des mondes, mais cette harmonie avec la justice sociale, j’étais persuadée que ça n’allait pas duré. Tout le monde était gentil, courtois, ou presque enfin, mais c’était normal. Il s’agissait des premiers jours, nous étions tous un peu intimidé par la présence des caméras, et tout le train train qui s’en suivait. Mais une fois que tout cela sera devenu habituel, il était évident que des tensions allaient se présenter. Peut-être même entre Louise et moi. J’avais décidé de profiter de ces instants de paix. Amen ! « Cette soirée. C'est la tienne. C'est moi qui te suis ce soir. » Louise avait contre tout attente fait cette déclaration soudaine, radieuse. Je lui offri un large sourire et ne déclinât pas l’offre. J’avais suivit ma condisciple – si on pouvait l’appeler ainsi – ces deux derniers jours, de peur de faire un faux pas. Je flippais pour un rien. Déraper dans les escaliers m’apparaissait comme l’apocalypse, encore pire si j’entrainais Louise dans ma chute. Mais ce soir, il n’y avait probablement aucuns risques. Je me levais, et aida la blondinette à se lever également. Je me dirigeais vers la table disposée non loin et je remplis nos flûtes respectives de champagne. Je mis la sienne entre les mains de Louise, et cogna la mienne sur cette dernière, ce qui provoqua un délicieux tintement qui annonçait une bonne soirée. « A nous ! » annonçai-je à ma compère avant d’avaler d’une traite le champagne aux milles bulles. « Bon, on commence quand à jouer ? » questionna Otto. Je le regardais et dis, souriante ; « Let's go ! »

Bizarrement, la réponse de Romy ne l’étonna pas et Petra décida de la laisser dans son coin, son capital gentillesse ayant été largement dépassé. Récupérant quelque chose à manger, Petra suivit un instant Stanley pour le laisser parler aux personnes qu’il avait envie de voir. Le jardin se remplissait petit à petit et Petra attendait avec impatience cette soirée. C’est pourquoi, même si elle n’aimait pas particulièrement ce jeune Otto, elle fut soulagée de l’entendre lancer la soirée en espérant qu’elle s’en sortirait indemne. Assise par terre sur la grande nappe, Petra attendit que les autres candidats arrivent pour se resservir une coupe de champagne bien méritée. Il ne pouvait pas le nier, la production leur avait fourni là un grand cru et elle n’allait pas s’en priver.
Impatiente, elle regarde Otto en lui souriant et ne put s’empêcher de passer à l’étape suivante : « Alors qui commence ? »

Très bien. La brune passait son chemin, mes remarques sur la propreté n'avaient pas l'air de lui plaire. Et bien qu'elle passe des heures dans son lit de mort, ça ferait un candidat en moins. Un candidat de moins à supporter, ça me ferait les pieds.
Et voilà que l'autre recommençait à parler. Mais il n'en avait pas marre ? Il ne pouvait pas s'arrêter ne serait-ce que deux secondes, si la violence n'avait pas été interdite il aurait sûrement déjà fait la rencontre de mon poing sur son nez. Cependant j'hésitais sérieusement à lui jeter mon verre d'eau en pleine figure, puisque la violence m'était prohibée. Mais il allait ensuite être obligé d'enlever son tee-shirt, et je n'allais pas supporter la vision de son torse nu. J'allais sûrement vomir, donc je préférais me retenir. Enfin bref. Il proposait de commencer à jouer. SUPER. J'allais m'éclater comme une folle. De toute manière plus le jeu commencerait tôt plus il se terminerait tôt et c'était tant mieux parce que j'allais certainement exploser. Si ça ne tenait qu'à moi je serais déjà partie, seulement il fallait que je prenne en compte le fait que j'étais encordée un mec qui avait plus de force que moi. Donc bien évidemment pour ce soir là j'étais obligée de me plier à ses désirs. Mais croyez-moi ça n'allait pas être comme ça tous les jours. Enfin ça l'était en tout cas pour ce soir puisqu'il m'entraîna vers la nappe où quelques candidats étaient déjà assis. Hé oh. S'il croyait que j'allais m'asseoir par terre sur une nappe comme ça, il était bien bête. Je pris le gilet que j'avais mis autour de mes épaules pour pouvoir m'asseoir dessus. Je le laverai par la suite en prenant bien soin de ne pas le remettre sans l'avoir lavé.

Le thème de la soirée me plaisait bien. J'étais prêt à relever tous les défis, et action ou vérité était propice à cela. Bon j'avais précédemment dû faire des sacrifices et accepter qu'Emma choisisse mes habits. Après tout mes vêtements importaient peu, le plus important c'était de s'amuser, peu importait le déguisement que l'on avait choisi. Même si je remarquais que certaines personnes n'avaient fait aucun efforts pour cette soirée ... Enfin ce n'était pas mon problème, même si je me retrouvais affublé d'une horrible chemise fluo. Ce n'était qu'un tout petit sacrifice à faire.
J'avais hâte que le jeu commence pour montrer que je savais m'amuser, et pour montrer de quoi j'étais capable. Je n'étais pas venue ici pour bronzer toute la journée ou pour nager dans la piscine le reste du temps.
Nous nous assîmes par la suite sur la grande nappe à carreaux rouges et blancs afin de jouer. Une fille que je trouvais charmante s'était proposée pour commencer. Dommage elle était attachée à une fille, enfin qui sait je pourrais peut être la faire changer de bord. Et puis de toute manière il y avait plein de jolies filles dans la maison, pourquoi m'embêter avec celles qui n'aiment pas les hommes ?
♣ Bon alors on commence ?, dis-je à tout le monde en souriant. J'avais hâte que le jeu commence. Et puis nous n'allions pas rester ici à nous regarder dans le blanc des yeux attendant que quelqu'un parle